mardi 14 mai 2013

Nous avons vécu ensemble :


: + :                                                   Beth Galton et Charlotte Omnès                                                   : + :


Un 87 quasi vide, un 86 à moitié plein
Les enfants jouent sous les piliers de l’église.
Un beau chien blanc taché de noir
Une lumière à un immeuble (est-ce l’hôtel Récamier?)
Un 96 quasi vide
Du vent
Un 63 plein, un 70 presque plein, un 63 presque plein
Un homme entre dans un café, se plante devant un consommateur qui se lève aussitôt et va pour régler sa consommation ; mais il n’a pas de petite monnaie et c’est l’autre qui paie. Ils sortent ensemble.
Un homme veut rentrer dans le café ; mais il commence par tirer la porte au lieu de la pousser
Fantomatismes
Passe un 70 plein
(fatigue)...
Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien,  Cause Commune intitulé “Pourrissement des sociétés”, 1975, : + :


Beth Galton et Charlotte Omnès


Je ne sais pas si je n'ai rien à dire, je sais que je ne dis rien : je ne sais pas si ce que j'aurais à dire n'est pas dit parce qu'il est l'indicible (l'indicible n'est pas tapi dans l'écriture, il est ce qui l'a bien avant déclenché). Je sais que ce que je dis est blanc, est neutre, est signe une fois pour toutes d'un anéantissement une fois pour toutes.
(...) Je ne retrouverai jamais dans mon ressassement même, que l'ultime reflet d'une parole absente à l'écriture, le scandale de leur silence et de mon silence : je n'écris pas pour dire que je ne dirai rien, je n'écris pas pour dire que je n'ai rien à dire.
J'écris : j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leur corps ; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture : leur souvenir est mort à l'écriture : l'écriture et le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie.
Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance, 1975


Claude Tolmer - Bicycle

comment décrire ?
comment raconter ?
...comment lire les traces ?
...Comment saisir ce qui n’est pas montré, ce qui n’a pas été photographié, archivé, restauré, mis en scène ?
Comment retrouver ce qui était plat, banal, quotidien, ce qui était ordinaire, ce qui se passait tous les jours ?
...au début, on ne peut qu’essayer de nommer les choses, une à une platement,
les énumérer, les dénombrer, de la manière la plus banale possible,
de la manière la plus précise possible,
en essayant de ne rien oublier.
Georges Perec, Récits d’Ellis Island : histoires d’errance et d’histoire, 1980



Jeannette Gregori - Chouchou et son chien Corso                                                                                                          : + :