samedi 12 janvier 2013

Si je laissais sortir les mots :




L’homme caché

Ce n’est pas grand chose, au fond, que mon existence
J’observe la stricte tenue musulmaniaque
Car si je laissais sortir les mots de mon sac
Tout le monde pourrait voir sur quelles braises je danse
C’est une imposture, je n’ai crainte de le dire.
Est-ce que je ne crée pas le monde chaque matin ?
Son corps nu est vautré sur mes draps de satin.
Mais à travers les steppes j’emporte mon désir
Aussi bien enfermé que ce tableau : Courbet
Clos par le gel, voici le château de Blonay.



(Paris, Musée d’Orsay)
Volker Braun, traduit de l'allemand par Alain Lance, 2009
: + :
Gustave Courbet - Le château de Blonay - vers 1875


Der Verborgene

Nicht viel ist das, was ich mein Leben nenne
Und strikt verkleidet bin ich musel-manisch
Denn hüte ich nicht meine Worte panisch
Verriete ich, daß ich in Gluten brenne.
Ist es Betrug: so ist er mir bewußt.
Erschaff ich nicht die Welt an allen Tagen?
Ihr nackter Leib fotzt breit auf meinem Laken.
Doch durch Steppen stehl ich meine Lust.
So zugenagelt wie dies Bild: Courbet.
Und zugefrorn seht ihr das Schloß Blonay.