samedi 3 mars 2012

De natura rerum :

"Je t’ai de la matière exposé la structure
Et la solidité des principes constants
Qui dans l’espace ouvert volent, vainqueurs du temps.
Maintenant, l’univers, leur ensemble et leur somme,
Est-il ou non borné ? Le lieu, ce que je nomme
Le vide, champ de l’être et carrière des corps,
N’est-il pas circonscrit par d’immuables bords ?
Ou remplit-il sans fin l’immensité profonde ?



(...)

Ainsi, murs, vêtements, marine, agriculture,
Armes, lois et cités, tous ces biens précieux,
Tous les autres trésors de l’esprit et des yeux,
Tableaux, marbres polis, poésie et science,
Sont les fruits du besoin et de l’expérience,
Qui s’avance à tâtons et ne s’arrête pas.
Le temps donc à leur heure évoqua sous nos pas
Ces biens que la raison tirait à la lumière :
Ils s’éclairaient l’un l’autre et frayaient la carrière ;
L’art à son tour, prenant en main l’invention,
La poussait par degrés vers la perfection.



(...)

Il le purifia par sa parole sainte.
Il fit voir, en bornant le désir et la crainte,
Ce qu’est le bien suprême où nous aspirons tous,
Et quel chemin direct, à la fois sûr et doux,
Par une pente aisée y conduit notre course ;
Quels périls sur nos fronts planent ; de quelle source,
Hasard, fatalité des lois de l’univers,
Découlent ces tourments cruellement divers
Dont la condition mortelle est affligée ;
Par quelles portes l’âme, à toute heure assiégée,
Doit repousser l’assaut ; enfin combien sont vains
Les soucis dont les flots troublent les cœurs humains."