samedi 4 février 2012

Une attraction indescriptible :


Après comme avant ils exerçaient l’un sur l’autre une attraction indescriptible, presque magique. Ils habitaient sous le même toit ; et, sans même penser précisément l’un à l’autre, occupés d’autres choses, tirés en sens divers par la société, ils se rapprochaient pourtant. S’ils se trouvaient dans la même salle, peu de temps se passait avant qu’ils fussent assis ou debout l’un à côté de l’autre. Seul, le voisinage immédiat pouvait les apaiser, mais il les apaisait complètement, et ce voisinage suffisait ; il n’était pas besoin d’un regard, d’une parole, d’un geste, d’un contact : il leur suffisait d’être réunis. Alors, il n’y avait plus deux êtres humains, mais un seul être au contentement absolu et inconscient, satisfait de lui-même et du monde
Goethe - Les affinités électives - 1809


Soit A une substance que d’autres substances hétérogènes a, b, c, etc. attirent : supposons d’ailleurs que A combiné avec c jusqu’au point de saturation, ce que nous désignerons toujours par la réunion de A et de cAc, tende à s’unir à b qu’on lui ajoute, en se séparant de c ; on dit alors que A attire plus fortement b que c, ou que b a une attraction élective plus forte que c. Supposons enfin que Ab soit décomposé par l’addition de a, que b soit rejeté, et que a prenne sa place, il s’ensuivra que la force attractive de a l’emporte sur celle de b, et que la série a, b, c etc. sera exactement dans l’ordre de l’efficacité des forces attractives de ces trois substances
Traité des affinités chymiques ou attractions électives, traduit du latin sur la dernière édition de Bergmann, Paris, 1788, pp. 5-6


Affinités électives - René Magritte - 1933