jeudi 5 janvier 2012

Naguib Mahfouz : Akhénaton le renégat



"-Pourquoi te donnes tu tant de mal ?
-Pour découvrir la vérité, répondis-je avec franchise.
-C'est heureux de voir au moins une personne s'en préoccuper."

"Ainsi déclara t'il une guerre éternelle à la faiblesse, la laideur, la tristesse. Il poursuivit son chemin méconnu, tel un rayon de soleil, chaque jour dévolu à l'imminent éclat, jusqu'à ce matin où je le découvris dans sa retraite, à l'aube, pâleet le regard fixe, l'âme résolue, et où il me dit :
(...)
La nuit dernière je m'enivrai sans boire, par la seule force de ma méditation, et l'obscurité pris forme, complice et familière, comme une fiancée révélée. Une ivresse triomphante me fit tournoyer dans l'espace, et là au coeur de mille et une chimères, la vérité se fit plus claire en moi que tout autre chose visible, tandis qu'une voix plus suave que le parfum des fleurs me parvenait qui m'exhortait : "Remplis de mon souffle la coupe de ton coeur, et chasses-en tout ce qui n'est pas moi. je suis la puissance dont se nourrissent les forces de l'existence, je suis la source dont la vie jaillit, je suis l'amour, la paix et le bonheur, remplis de moi la coupe de ton coeur, et tous les suppliciés de la terre viendront y boire pour guérir leurs maux."
Si lumineuse était l'aura qui se dégageait de lui que je me renversai, ébloui.
Ne caint rien, Mérirê, dit-il. Ne te dérobe pas face au bonheur !  "


"Tu te préoccupes du corps comme s'il était tout, disait-il, alors que la vraie puissance est tapie en notre âme. Elle est éternelle, tandis que le corps n'est qu'un support lâche, abject et obscène, qui se détériore rapidement à la moindre piqûre d'insecte... (...) Je ne sais pas ce que je veux mais je brûle de vouloir... Sinon que la longue nuit serait triste ! 
(...)
Il s'agenouillait dans l'obscurité, à l'affût du lever du soleil, et dès que la lumière brillait il rayonnait de bonheur."


"Tu es beau... Tu es grand...
Grâce à toi le coeur de l'homme vibre de joie
L'arbre et la plante verdissent
L'oiseau bat des ailes
Et l'agneau bondit.
Tu vis en mon coeur
Et nul ici-bas ne ta reconnu
Sinon ton fils, Akhénaton."